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De la souffrance à la vulnérabilité

La souffrance a besoin d être reconnue, d'avoir l'espace de son cri. Pour poser ensuite des mots et reconnaître que je suis moi même victime.

C'est la première phase, me reconnaître dans ma propre souffrance, lui donner sa forme, son étendue, son intensité, etc...

C'est le temps de la clarification intérieure.

Et c'est un espace très difficile dans un environnement qui ne respecte pas celles et ceux qui traversent, identifient, explorent leurs souffrances.

Environnement qui modèle et façonne profondément la pensée, au point parfois de ne plus savoir m'accueillir moi même authentiquement, dans les souffrances que je vis pourtant.

Cette reconnaissance est souvent ramenée à de la plainte, du ressassement, de l'exagération voire du mensonge, par soi même et/ou par l'extérieur.

La deuxième étape est de porter cette souffrance au monde, de la faire passer de l'invisible, l' intérieur, vers l'extérieur, les autres. C'est le temps de la reconnaissance extérieure, de l'expression de la souffrance.

Et là encore les obstacles sont nombreux.

Comment puis-je, de l'autre côté, accueillir, recevoir l'expression de la souffrance d'une autre personne?

Accueillir la souffrance d'une personne , c'est d'abord être en capacité de traverser ma propre résonance à la souffrance de celle ou celui qui me l'exprime. (Je peux avoir envie de minimiser, de nier, de refuser d'entendre, de fuir, etc, pour ne pas être confronté.e à mes propres souffrances enfouies.)

Accueillir la souffrance d'une personne , c'est aussi, pouvoir reconnaître ma responsabilité dans la souffrance que j'ai créée, quand on me dit que je suis la personne qui l'a infligée. (je peux avoir envie de me justifier, de défendre mon point de vue, mon honneur ou mon orgueil blessé, pour ne pas reconnaître le rôle que j'ai joué, directement ou indirectement.)

Ces deux étapes là; la clarification intérieure et l'expression extérieure; sont le terreau nécessaire pour que je puisse créé un espace de vulnérabilité en moi. C'est à dire la possibilité d'exprimer ma fragilité à la personne qui me reçoit.

La clarification de mes zones sensibles, créée un endroit d'écoute de moi même qui me permet ensuite d'exprimer à l'autre là où je me sens fragile.

Et cela demande également à mon interlocuteur.trice une grande responsabilité, vulnérabilité, et capacité d'écoute.

La vulnérabilité créé un plan où je suis conscient.e de mes limites et je les exprime.

Ce qui permet à chacun.e de reprendre ses responsabilités.

Je suis responsable de cette clarification et je demande à l'autre de prendre ses responsabilités par rapport à moi.

Chacun.e plante alors les graines d'un réel espace de considération.

D'abord je me considère mais je considère aussi que l'autre personne n'est pas dans mon monde et qu'elle ne peut savoir ce que je vis, ce que je ressens, si je ne le lui exprime pas.

L'espace de vulnérabilité que je créé peut permettre à l'autre personne d'être touché.e, si elle est également dans son espace de vulnérabilité. Car cet espace agit au delà du mental, il ne parle que de soi, il ne reproche rien, ne juge pas.

C'est un espace qui peut, si les deux parties acceptent sincèrement d'échanger sur ce plan là, éviter bien des souffrances supplémentaires.

L'espace de vulnérabilité mutuel est un espace de sincérité profonde qui créé les compréhensions les plus fortes, qui tisse un lien d'une autre nature, qui rend possible des guérison, car il est l'endroit où l'on ose se mettre à nu, être soi même pleinement.

(Article rédigé par Robin Gairaud en collaboration avec Cécile Dahan)

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